La Langue rouge est un long métrage qui offre une plongée dans l’intime de l’atelier de Walter Swennen, peintre belge méconnu en France, dont l’œuvre désormais consacrée a reçu une importante rétrospective au Wiels en 2014. Ses qualités de philosophe rêveur, de graveur, de dessinateur depuis l’enfance, de psychologue pétri de psychanalyse, de peintre accompli et de poète permanent, transpirent à l’écran. La matière souvent reprise à d’autres médias, dont la BD, le dessin animé, la littérature, sa litote et ses aphorismes, est clairement énoncée dans ce film. L’on entre dans une étonnante proximité avec cette peinture, grâce à la vue de nombreuses œuvres, de carnets de croquis et de documents d’archives, selon des approches diverses incluant le cadrage sur le tableau “regardé”, la captation de la toile à peine amorcée, la vision en plein champ du tableau seul puis jouxté d’un autre, toutes choses qui animent la peinture et la font voir d’où elle s’origine. La réalisatrice qui entre volontiers dans le champ de la caméra livre tout sauf une biographie chronologique !

Violaine de Villers (1947), qui outre des documentaires à portée politique, a réalisé récemment une dizaine de films sur l’art. Son dernier documentaire Chine 87, Les autres relève d’une coréalisation avec l’écrivain Jean-Luc Outers. Elle est aussi l’auteure d’œuvres radiophoniques.