Jardin-Théâtre Bestiarium, de Gilles Coudert, a.p.r.e.s production, franç., angl., all., VOSTF, 53 min., France, 2016. Avec les interventions de Guy Tortosa, Chris Dercon, Bernard Blisthène, Xavier Veillan, Alain Séchas, Marin Kasimir et d’autres.
Jardin-Théâtre Bestiarium (1989) est l’intitulé d’une exposition particulière qui s’est tenue d’abord à New York, à Séville et puis au Confort Moderne à Poitiers. Cet « événement plastique » est issu de la rencontre d’une réflexion, celle de Rüdiger Schöttle (galériste et théoricien) imaginant de créer avec des artistes de son temps un jardin inspiré de modèles empruntés à la littérature baroque aussi bien qu’à Versailles ou à Schönbrunn et d’une volonté, et celle de Chris Dercon (à l’époque curateur à P.S.1., New York, coproducteur de l’exposition) de réunir des artistes d’une jeune scène européenne et d’autres du continent nord-américain, et de les confronter au défi de s’emparer de cette idée du Jardin-Théâtre, sans cesser d’être eux-mêmes, pour produire une exposition d’un nouveau genre.
Une ambition théorique donc: repenser la formule de l’exposition de groupe et questionner ses références ou ses précédents historiques. Et une ambition politique aussi: celle de fédérer de jeunes artistes ayant plus ou moins en commun un intérêt pour les questions de représentation et une critique oblique du ou des pouvoir(s) avec Dan Graham, expert en pavillons, comme figure tutélaire. L’exposition qui en a résulté et pour laquelle une partie des artistes avaient œuvré à une échelle réduite (exposant des maquettes ou des projets d’œuvres ou d’architectures qui pourraient prendre place dans un jardin), et d’autres à l’échelle 1/1 (le jardin ici et
maintenant), à quoi s’ajoutaient diaporamas, projection et musique, reflétait des hésitations, des désaccords et des malentendus mais a su, dans sa troisième et ultime incarnation, celle du Confort Moderne à Poitiers trouver une forme fixée en une « œuvre installation » appartenant aujourd’hui au Centre National des Arts Plastiques.
En donnant la parole à ses auteurs et à quelques spectateurs, le film de Gilles Coudert, raconte l’histoire de cette aventure et nous fait découvrir ou revivre un moment de transition dans l’histoire des expositions d’art contemporain: celui où après la découverte des jardins et des châteaux comme nouveaux espaces d’accueil et avant l’explosion du curating, l’histoire des jardins, celle du théâtre ont pu apparaître comme des repères pertinents pour renouveler la fabrique des expositions et proposer de nouveaux modèles.
Cette soirée des JEUDIS de la COLLECTION présentée en collaboration avec SensoProjekt sera suivie d’un commentaire critique par Patrick Javault en présence du réalisateur Gilles Coudert et elle sera également ouverte au débat avec la salle.